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RUBIN STEINER (+ clip Another Record Story)
couv

"Weird Hits, Two Covers & A Love Song" Platinum rds

http://www.platinumrds.com

http://www.rubinsteiner.com

Concert:

- 22 novembre:  Chat'o do à Blois
- 4,5,6 Décembre dj set bars en trans' (rennes) (Le Chantier/ Le 1929/ Le Sambre)
 

Photo © philippe bruman


 VOLTE-FACE


Le dos tourné, à l' electro jazz hip hop, le nouvel album de Rubin Steiner, Weird Hits, Two Covers & A Love Song,  est une pirouette de style, pour un face à face, synthés vintage, krautrock, et disco-punk. Un rock spontanné et limpide, revélateur d'une nouvelle entité, qui méritait bien une interview canapé...      
 

 Weird Hits, Two Covers & A Love Song, un nouvel album étonament très rock. Une lubbie, un exercice de style, ou un véritable désir de changement ?
Et bien, on ne m'avait jamais posé la question de cette manière. Vraisemblablement, le désir de changement est la raison principale de la couleur de cet album. Et ce désir de changement a été probablement provoqué par une lubbie qui s'est transformée en exercice de style... En réalité, cela fait plusieurs année que "Drum Major !" est terminé, même si il n'est sorti que début 2005. Pendant 3 ans, je n'ai pas vraiment composé de musique, et me remettre face à mon ordinateur après une grosse centaine de concerts en formation guitare-basse-batterie était la dernière des choses que j'avais envie de faire. Le plaisir retrouvé de jouer de la musique "pour de vrai", après toutes ces années de sampler et de boîte à rythmes, m'a donné à reflechir sur ma musique, la manière de la composer, et mon identité surtout. A force de ne faire que sampler la musique des autres, je me suis un peu perdu et j'avais besoin d'entendre la musique que j'avais en tête, celle qui proviendrait uniquement de mon imagination : si il y a eu exercice de style sur ce nouveau disque, c'est surtout dans le fait que j'avais envie de tout enregistrer (ce fut quelque chose de très nouveau pour moi !). Resultat, cela sonne beaucoup plus rock que par le passé, mais c'est certainement parce que c'est ce que je faisais avant de tomber dans la musique électronique.
 

C'est un album qui parle essentiellement de musique. Est ce par choix, ou rien d'autre ne t'inspire ?
De la même façon que j'ai eu envie de faire de la musique personnelle, j'ai ressenti le besoin de chanter. Encore quelque chose de nouveau pour moi. Le plus difficile a été de trouver un sujet et je me suis naturellement tourné vers ce qui m'interesse le plus : la musique et ses mythologies. Faire un disque aujourd'hui, c'est un combat. On fait de la musique pour de nombreuses raisons, les miennes sont multiples mais en haut du chapeau, il y a un besoin viscéral de créer quelque chose et une réelle fascination pour les disques et les petites histoires de la grande histoire du rock. Synthétiser cela, c'était m'inscrire en force dans cette histoire, du titre de l'album aux titres des morceaux, des paroles aux influences et références musicales, j'avais envie de montrer qui j'étais au travers d'indices mais également ne laisser aucun doute sur mon univers : les Ian, Henry, Kim ou Joey de "Another record story", ce n'est pas juste un effet de style. Tu peux imaginer que je pense à Mac Kay, Curtis, Rollins, Kaiser, Gordon, Deal, Ramones ou Strummer par exemple, et ce sera juste, mais tu peux aussi imaginer que je pense à Kim - de Bordeaux -, et tu auras encore raison ! J'aime cette idée qu'il y ai une double lecture et une double écoute possible pour tout les titres, qu'il y ai du jeu et du second degré. Cela peut paraître leger mais au fond je ne fait que raconter mon histoire vis à vis de la musique et surtout vis à vis de ma musique. J'aurai rêvé être meilleur musicien, à une autre époque, dans un autre pays, faire partie d'un mouvement important ou être le meilleur copain de Thurston Moore. Je dois faire avec mon statut d'anomalie française et ce disque raconte sans détour de quoi il est question : un disque de musique ! Cela peut paraître con comme ça, mais je ne cherche pas à révolutionner le rock... je suis un observateur, un passeur, un amuseur, et aujourd'hui, mon rêve (!), un rockeur !!! 

 Toujours sur Weird Hits, Two Covers & A Love Song, y a t'il un ou des morceaux auxquels tu tiens tout particulièrement , et pourquoi ?
 J'aime bien entendu tous les morceaux de ce disque, mais leurs histoires sont toutes différentes. J'en aime certains parce qu'il ont été faits en une journée par exemple, et d'autre contre lesquels je me suis battu pendant un an ou deux. Certains sont des petits miracles, d'autres sont des hommages à quelques-uns de mes héros, qui vont de Electrlane à Harmonia, Faust, Stereolab, Sonic Youth ou, plus près de nous, Franz Ferdinand et LCD Soundsystem.
 


C'est la première fois que tu chantes vraiment, sans te cacher derrière des effets. Mais même lorsqu'on en a envie, franchir le pas , n'est pas toujours facile. Alors quel à été ton cheminement ?
Le chant apporte ce truc humain qui manque souvent aux musiques "electoniques". Autant on peut faire à peu près tout ce qu'on veux avec les synthés, les sampleurs, les ordinateurs, autant avec la voix, on montre vraiment qui on est, sa singularité... c'est notre instrument unique (à moins d'être vraiment bon imitateur, mais là on tombe dans le grotesque). Tant qu'à faire un disque personnel, je me suis dis que je pouvais aussi chanter... et je confirme : c'est difficile.
 

 Est ce que l'album, n'a pas été trop compliqué à mettre en forme sur scène ?
On a fait une vingtaine de concert avant d'arriver à trouver la bonne energie, la meilleure façon de jouer les titres. On a du pour cela se séparer de Sylvestre (le bassiste) dont le jeu ne collait plus du tout aux nouveaux titres et envisager les choses différement, même si les morceaux sont "prêt à jouer" sur le disque. En réalité, l'écoute domestique est vraiment différente de l'écoute en live et on a mis du temps avant de trouver les bons élements à mettre en avant. Par nature, on a tendance à jouer tout à fond tout le temps. On découvre que l'épure rend souvent service à l'energie et aux morceaux. Du coup on change des choses à chaque concert, on essaye des versions, des formules... et ça commence à payer : le plus important au fond, c'est d'être à l'aise sur scène et oublier qu'on est en train de jouer de la musique. On a donc la batterie qui est toujours là et une basse, deux guitare et 5 ou 6 synthés qu'on se partage selon les titres.
 

 Comment as tu vécu les premiers concerts, après la sortie de l'album ?

Comme je le dis plus haut, la période de rodage a été longue et compliquée, c'était même très déprimant. Aujourd'hui, c'est vraiment cool, du vrai plaisir et une excitation totale à injecter en finesse de l'electro dans un truc rock, et vice versa.
 

© philippe bruman

 Est ce que là, comme ça, tu pourrais me dire, ton pire et ton meilleur souvenir de live ?
Sur cette dernière tournée, jusqu'au 3 derniers concerts, c'était vraiment pas ça. Le pire je crois, c'est d'avoir été tellement concentré sur le jeu et les morceaux que j'en ai complètement oublié de communiquer avec le public, aux Francofolies de la Rochelle. Mais bon, ça prouve une chose essentielle, c'est qu'on n'est pas des machines, et que tant qu'on a pas dépassé le stade de la technique, il est difficile de faire partager des choses. 
 

Par contre tu continus à faire des sets. Est ce que lorsqu'on a été DJ, c'est pour la vie ?
Exactement ! C'est pour la vie, mais pas pour ton mariage. Faire danser les gens est une chose, leur faire écouter de la bonne musique, une autre. Moi, je ne veux QUE faire les deux en même temps. Que les gens dansent, s'amusent et entendent des choses qui sortent des sentiers battus.
 

As tu déjà une petite idée, de à quoi pourrait ressembler, le sixième album ? Un retour aux samples, aux découpages...ou une orientation définitivement rock ?
Rien n'est définitif. Chacuns de mes disques ont toujours correspondu à un moment de ma vie (musicalement, mais pas que). Ce nouveau disque est le fruit de l'energie simple procurée par trois ans de tournée en groupe. Je me remets en question en permanence. Et j'essaye toujours d'aller aux limites de mes connaissances et savoir faire. L'art du sampling et du découpage n'a pas dit son dernier mot, et le rock ne represente que ce que je mets dedans. Mon prochain album aura la couleur du temps que je sentirai. Je le ferai peut-être en fin d'année, peut-être plus tard. J'ai besoin de me nourrir de l'air du temps, d'avancer avec le live, et de trouver un declic, un débloqueur d'idée. Je sens que ça va arriver vite, mais je n'ai encore aucune idée de ce à quoi cela va ressembler. Mais j'ai réécouté beaucoup Dinosaur Jr, Sonic Youth et The Emperor Machine ces derniers temps... Oh oh oh !!!
 

 Alors pour finir, un petit mot sur tes projets ...?

Un disque sortira en octobre avec des remixes (mes amis Bosco, Fortune, Hypo & EDH, O.Lamm, Norman Bambi, Hello Bye Bye, Iologic et Minuscule Hey seront certainement de la partie) et des titres inédits très dark disco space punk. Je suis également en train de faire des remixes pour Markovo, Kid Francescoli, Robert Le Mabnifique et Hello Bye Bye... et j'aimerai avancer vite sur des nouveaux titres qui se fabriquent dans ma tête.
Aussi, mon ami Freddenfer a fait une magnifique affiche sérigraphiée à la gloire de Total Heaven qui sortira à 40 exemplaires numérotés (ultra collector !). Et il y en aura vous savez où.

  Vanessa Bideaux