abus dangereux : article
MORNING STAR
couv

 Actualité discographique :

• Morning Star CD (Microbe / Pop Lane)

• My place in the dust CD (Microbe / Pop Lane)


 25 novembre 2001.

Lors de la rencontre avec Jesse David Vernon, nous avons évoqué plus spécifiquement certaines chansons et thèmes que ceux qui ont acheté le(s) disque(s) auront plaisir à retrouver dans ce complément de l’interview parue dans la face 75 de Abus Dangereux.

Ton 1er album était très léger, lumineux avec des rythmes enlevés et des mélodies un peu easy listening… My place in the dust est plus calme, plus sombre, un peu mélancolique. Comme si le premier était la face jour et celui-ci la face nuit de Morning Star.
Je n’avais pas réalisé jusqu’à récemment combien Morning Star allait bien à ma musique et symbolisait quelque part tout ce que j’aime dans la vie. Tout ce qui est lié aux rêves, à l’amour … Venus est le nom de l’étoile du matin ! Mais c’est un nom très commun : il y a une ligne de burgers végétariens qui s’appelle Morning Star, le journal des communistes anglais, plein d’autres groupes s’appellent ainsi. Donc il ne faut pas trop accorder d’importance à ce nom.

Dans le 1er album, tu évoquais déjà une morning star dansDance with you. Là il y a carrément une chanson qui s'appelle comme ça.
J’ai écrit cette chanson bien avant d’avoir l’idée du groupe. En fait la notion de morning star me vient du livre Le Serpent à Plumesde Fetch Lawrence. Il y a cet passage où des Mexicains vont chanter au bord d’un lac au petit matin pour l’étoile du matin, qui est un dieu qui descendra sur Terre sauver ceux qui lui rendent grâce. Sans parler du côté religieux de l’affaire, j’aime le fait que cette étoile soit la dernière encore présente dans le ciel quand le soleil n’est pas encore à l’horizon. C’est la promesse que le jour va se lever, ce qui est plutôt rassurant.

"This is for you" est la chanson la plus rock de My Place in the Dust. Elle semble dédiée à l'éphémère, ce qui tourne mal ou s'en va… 
C’est une célébration de tout ce qui est voué à la poubelle. J’ai essayé de révéler certaines émotions que j’avais en moi face à ces petites tragédies du quotidien. C’est presqu’une chanson à boire : « celui -ci est pour les rêves perdus, celui-ci est pour la nuit qui tombe et celui-là pour le point du jour… » Parfois tu trouves tout triste et tu as envie de lutter contre ce sentiment dépressif qui te ferait tout foutre à la poubelle par une sorte d’accès de violence que j’ai traduit dans le rythme de la chanson.

Et la fin au vibraphone, comme la bande son d’un rêve ?
Il n’y a pas de raison philosophique à ce changement d’ambiance. C’est juste parce qu’un de mes musiciens était en train de jouer cette belle mélodie et que je l’ai gardée. J’ai une autre version qui est complètement différente. Mais quand je l’ai entendu jouer cela, j’ai pensé qu’elle finirait magnifiquement l’album, et finalement il se retrouve à la fin de ce morceau.

In all this sleep est construit par compartiments : chanson, vocalises, solos de trompette. Comment l'as tu composée ?
C’est juste l’émotion qui m’a guidé. C’est une chanson douce qui va chercher l’émotion et la faire grandir jusqu’à une sorte de break psychédélique. Puis j’arrête de chanter et la batterie s’emballe, les chœurs montent encore pour finir par exploser dans une sorte d’hymne. Il y a tant de passion cachée en chacun de nous et tant de gens qui ont peur de la laisser s’exprimer…

L'ambiance de I heard Beauty calling est très slave, triste et un peu théâtrale, comme ces groupes gitans qu'on entend dans les films de Kusturica. Comment t'est venue cette chanson ?
C’est une autre expression de la passion. Celle qui s’exprime dans le tango, mystérieux, sérieux et si sexy. Il est vrai que le violon apporte une touche de tristesse, de lente frustration mais dans laquelle il se complait. A l’époque j’écoutais beaucoup Leonard Cohen et en particuliers Dancing to the end of love et j’ai inconsciemment voulu donner ma propre version de cette image que je trouve très belle.

As tu écrit Keepers of the fire pour la chorale qui t’accompagne ?
Non, j’ai appelé la chorale Keepers of the fire mixed choir d’après cette chanson, mais je ne l’ai pas écrite. C’est un ami à moi qui l’a écrite, quand je faisais partie des Moonflowers. Et même si le groupe n’existe plus aujourd’hui je voulais garder cette chanson vivante. Il a aussi écrit I hear the waves qui a un petit côté hippy. Son écriture atteint un degré de pureté qui touche parfois le cosmique alors que je reste beaucoup trop près du corps, du relationnel purement humain. J’aurais été incapable d’écrire une phrase comme : « La musique est comme l’amour, sauf qu’on ne se touche pas… »

Cathimini