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GOLDEN BOOTS

                                                   Misters Imagination

Si vous tapez Golden Boots dans un moteur de recherche, vous tomberez immanquablement sur des noms d'athlètes et de footballer, couronnés par ce trophée très prisé aux Etats Unis. Plus difficile sera de remonter jusqu'au  groupe de Tucson qui a adopté ce nom farfelu, à l'image de sa musique.

Intertitres : enregistrer fait partie intégrante de notre processus d'écriture
pouvoir faire n'importe quoi, juste parce que tu y penses, c'est trop génial.


Au début des années 2000, the Golden Boots est Dimitri Manos (multi-instrumentiste, voix haut perchée un peu nasillarde, look hippy-grunge) et Ryan Eggleston (multi-instrumentiste, voix chaude et ronde, costumes aux couleurs vives et chatoyantes). Deuxièmes couteaux dans divers groupes de la ville, ils enregistrent tout ce qui leur passe par la tête sur des supports qu'ils distribuent généreusement à qui veut bien les écouter. Et ce qui leur passe par la tête est un feu d'artifice de sonorités, de genres et de visions qui les rend à la fois étonnant, attachant, et un peu fatiguant. Rock, punk, pop 60's, country, garage, jazz … Tout se télescope et se chevauche jusqu'à ce que le duo prenne la sage décision de trouver une structure qui lui permettra d'étendre son rayonnement au delà de l'Arizona.

Chose faite en 2007 avec la signature sur le label Park the Van pour un premier "vrai" album disponible partout aux Etats Unis. Le groupe s'étoffe avec l'intégration de Nathan Sabatino (musicien, ingénieur du son et producteur au studio Loveland de Tucson) et un batteur tournant, dont Eric Pifeteau, entre Little Rabbits et French Cow Boy. C'est d'ailleurs ce-dernier qui fera des pieds et des mains pour faire venir ses amis sur le vieux continent et distribuer leur 4ème album officiel grace à son propre label (Havalina). C'est donc grâce à lui en quelque sorte, que je peux enfin donner la parole à Ryan et Dimitri, sûre que vous pourrez vous procurer facilement l'étrange et foutraque "The Winter of our discothèque" et, qui sait, les croiser sur votre route cet hiver.



Comment sont nés les Golden Boots ?
Ryan : Même si j'ai grandi en Pennsylvanie et Dimitri dans le New Jersey, à 40 miles l'un de l'autre, nous ne nous sommes rencontrés qu'à Tucson en 2001.
Dimitri : Ryan était copain avec ma petite amie et elle l'a invité un jour à prendre le petit déjeuner à la maison. J'avais une guitare acoustique, un petit set de batterie. Nous avons parlé musique entre deux pancakes. Il avait écrit trois chansons, il me les a jouées et nous avons décidé de monter un groupe. L e nom est venu en même temps. La semaine d'après, nous enregistrions notre premier album.
R : Pendant deux ans nous avons joué et enregistré tout ce qui nous passait par la tête, juste lui et moi. De temps en temps, nous nous produisions dans des cafés, mais jamais sur de véritables scènes. En fait enregistrer fait partie de notre processus d'écriture.  "J'ai une idée, mettons la sur bande !". Les chansons prennent forme en même temps qu'elles sont enregistrées. C'est très spontané.
D : Je pense que ça nous a aidés à faire connaissance plus rapidement. Tu regardes l'autre faire, tu comprends sa manière de voir les choses, tu échanges des idées et les projets avancent plus vite. C'est la principale raison pour laquelle nous enregistrons encore autant. Tu commences à partir de rien et pose 2, 3 accords sur une bande. Quand tu reviens, l'autre a ajouté une ligne de basse ou de guitare en ton absence. Tu n'y aurais pas pensé tout seul, c'est l'idée de l'autre qui te renseigne sur son imaginaire, développe le tien et te permet d'enchainer de manière aussi cohérente.

Vous avez évolué énormément depuis 2003 où je vous ai rencontrés à Tucson. A l'époque vous étiez plutôt  dans l'accumulation et l'improvisation…
R : Nous étions dans la déconstruction systématique. Nous prenions tous les clichés auxquels nous pensions et nous les tordions pour en faire quelque chose d'inattendu. On faisait beaucoup de collages. On juxtaposait des sons qui n'allaient pas ensemble, juste pour le plaisir de faire suivre un air familier par un air qui prenait l'oreille à rebrousse poil.
D : Nous aimons toujours les contradictions, mais nous les utilisons peut être de manière moins extrémiste. A l'époque nous ne tolérions aucune censure, c'est pourquoi nous faisions des CDR de 80 minutes où on mettait absolument tout ce qui nous passait par la tête. Les chansons se coupaient les unes les autres, car nous ne savions pas les organiser de manière rationnelle… ou nous refusions de le faire !
R : Nous avons gardé cette liberté de création, mais nous avons pris de la hauteur. Tu peux maintenant distinguer les chansons les unes des autres. (rires) Elles ont chacune une certaine unité, même si l'ambiance ou l'orchestration change au milieu. 
D : On en est arrivés à un point où on devenait fous avec tous ces enregistrements. C'est chouette d'avoir des choses consistantes à donner aux gens, mais quand la plupart te disent : "j'ai aimé un ou deux morceaux" ou "après 20 minutes, j'ai arrêté car c'était trop", tu te rends compte que tu agis de manière extrêmement égoïste. Quand nous avons décidé d'éditer notre premier vrai album, je voulais qu'il fasse 32 morceaux, comme "Trashcan Hawai". Ryan et Nathan m'ont raisonné et nous avons décidé qu'il serait beaucoup plus court, c'est devenu "Burning Brain". Mais il existe un mec à Olympia qui est complètement fou de notre musique et qui est prêt à sortir n'importe quoi sous n'importe quel format, à quelques dizaines d'exemplaires que nous vendrons en concert.

Je trouve en particuliers que les mélodies sont plus cohérentes. Le chant est mieux mis en valeur, tirant parti de l'opposition entre vos deux timbres de voix … 
D : Il faut dire qu'à l'époque de notre premier album officieux, "Super Gold", je ne savais jouer de rien et je ne chantais pas du tout. J'ai choisi la batterie quand j'étais encore dans le New Jersey, mais il faut bien avouer que c'était plus d'ans l'intention de faire du bruit avec mes amis, que de faire de la musique. Nous utilisions un aspirateur, une guitare désaccordée et nous tapions sur tout ce que nous trouvions tout en criant pour nous amuser.
R : J'ai un background totalement opposé. J'ai d'abord appris à chanter avant de faire de la guitare. J'ai un parcours assez classique de musicien.

Est-ce que vous vous fâcherez si je compare votre évolution à celle des Flaming Lips, partis du n'importe quoi punk pour en arriver à des mélodies d'influence 60's d'une efficacité redoutable ?
D : Je suis un gros fan, donc je ne peux pas être fâché. De toute façon, les années 60 sont le berceau de la musique populaire d'aujourd'hui. On ne peut pas y échapper.
R : C'est dans les années 60 que les technologies d'enregistrement ont vraiment connu une évolution spectaculaire avec l'arrivée des caisses de résonnance et les synthétiseurs. Les musiciens et les producteurs ne savaient pas trop comment les utiliser et parfois le faisaient de manière absolument pas appropriée.  Ils en mettaient partout uniquement parce que c'était nouveau.
D : C'est comme lorsque les 24 pistes sont apparus, ca a donné à la fois des disques géniaux et des disques surchargés. On disait que le psychédélisme était issu de l'exploration de l'esprit, mais je crois que c'était surtout issu de l'exploration des dernières technologies.  Parce que tu pouvais balancer un bruit de voiture de course par-dessus une guitare, comme si elle traversait la pièce d'une baffle à l'autre, tu le faisais. Ca n'avait rien à voir avec le morceau, mais c'était trop jouissif pour s'en priver. J'adore ces trucs incongrus. Ils sont le résultat de l'innocence de l'expérimentation : pouvoir faire n'importe quoi, juste parce que tu y penses, c'est trop génial.

 Vos expérimentations se situent surtout au niveau du son, comme cette impression liquide au début de "Heatwave" qui ouvre "The Winter of our discotheque".
R : Je ne sais toujours pas ce que c'est personnellement, mais j'adore !
D : Il y a des miracles parfois, comme avoir l'idée d'une chanson et trouver du premier coup l'arrangement qui lui convient. J'avais obtenu un son sur le synthé que j'appréciais particulièrement au casque. J'ai donc décidé de l'enregistrer à travers les écouteurs et c'est ce qui donne cette impression bizarre que l'album est coincé dans la tuyauterie en plomb d'une épave au fond de l'océan. 

Comment travaillez-vous en studio ?
R : Nous enregistrons à la maison et nous mixons dans le studio de Nathan.
D : Par maison, il faut entendre en particuliers ma cuisine et ma chambre. Il n'y a pas d'heure pour enregistrer, nous allons en studio chaque fois que nous en éprouvons la nécessité, ensemble ou séparément. Quand nous vivions sous le même toit, nous étions toujours ensemble. Maintenant nous faisons beaucoup de choses chacun de notre côté, en fonction de nos emplois du temps et de la distance à laquelle nous habitons l'un de l'autre. Pour "The winter of our discotheque", mon boss (le patron du Rialto, le joli théâtre de Tucson) nous a laissé utiliser une gare routière abandonnée qu'il avait achetée pour en faire un club de rock. Nous y avons passé l'été, c'était vraiment super agréable.
R : Nous avons essayé plein d'endroits, comme la crypte d'une ancienne église de Portland que nos amis Metal ont transformée en salle de concert et en studio. Mais aussi chouette que soit l'endroit, il y a toujours le problème du temps. Ok, on est là pour enregistrer, mais je n'ai pas une seule idée qui me vient ou il n'y a pas moyen de créer cet effet que j'ai en tête et nous n'avons que jusqu'à demain… C'est souvent catastrophique. (rires)

Est-ce que votre environnement vous influence tant qui ça?

R : C'est très subtil, on ne s'en rend pas compte quand on le fait, mais oui. 
D : Bien que Nathan soit de plus en plus impliqué dans le processus créatif du groupe, nous avons pris la décision de ne pas enregistrer à Loveland. Les instruments du studio sont étudiés pour obtenir certains résultats, à la demande des groupes qui y jouent. Le lieu est configuré de manière à obtenir certaines atmosphères qui sont trop prévisibles à notre goût. Alors qu'à la maison, je ne considère pas ma guitare comme une guitare, le piano juste comme un piano…
R: Tout est organisé de manière trop rationnelle, trop logique à Loveland. Nous aimons utiliser autre chose que des instruments conventionnels pour faire de la musique. Par exemple, je tape sur une bassine d'eau et ça devient une grosse caisse. Capturer un son imprévu va automatiquement influencer la chanson et son évolution, au niveau de l'écriture même. Ca fait partie du plaisir que nous avons à créer notre musique. Ne pas être dans un studio professionnel nous impose des limites. Par exemple nous n'avons pas une infinité de pistes, nous n'avons pas tous les instruments dont nous rêvons autour de nous. Cela nous force à être créatifs pour obtenir ce que nous voulons avec ce que nous avons. Tu penses qu'un orgue serait super à cet endroit, mais on n'en a pas sous la main. Comment faire ? Ca nous force à contourner les problèmes et les dépasser.
D : Par exemple tu crois entendre un violoncelle sur "Ghosts", mais c'est une guitare acoustique. Nous avons changé la vitesse de la bande sur laquelle on l'a enregistrée alors que nous tenions la même note. Puis nous l'avons doublée par une piste à l'envers pour obtenir ce son étrange et fantomatique. J'aime les surprises, elles donnent du sel à notre création. 

Vous vous occupez aussi de tous vos visuels : pochettes, clips, site internet
R : Tu catégorises les choses souvent dès le premier coup d'œil. Tu ne peux pas échapper à cette règle de la première impression. Donc nous avons toujours voulu soigner nos visuels pour attirer l'œil et introduire à notre musique. Dès le début, nous avons décoré nos cassettes et nos CDR. A un moment, nous avons pensé qu'il serait bien de laisser d'autres personnes, que nous pensions plus professionnelles, s'occuper de cela et ça a été un désastre !
D : J'aime bien la pochette de "Burning Brain". Elle colle bien au fait que c'est une sorte de puzzle de morceaux de plusieurs époques…
R : C'est une horreur ! J'ai donc fait le recto de "Winter of our discotheque" et Dimitri le verso. J'ai imaginé dix versions différentes au moins, et Dimitri a choisi ce collage de bouts du drapeau américain. N'est-c e pas magnifique, lorsque tu sors le vinyle rouge ?

Donc l'introduction de l'album "Burning Brain" est une déclaration d'intention à laquelle vous vous tenez. ("Ils sont responsables de toute l'opération du début à la fin") 
R : Oui ! Elle fait partie d'une série de phrases que nous avons disséminées sur l'album et forme une petite histoire cachée.



Je suppose que les chansons évoluent énormément depuis leur point de départ jusqu'à leur version finale. Par exemple "Country bat high" était un instrumental sur le CDR "Arid boombox dirt map" que vous m'avez donné il y a deux ans. Et aujourd'hui je le retrouve transformé en chanson sur "The Winter of our discotheque".
D : Attention, il s'agissait de "Country bat high I" et là, c'est le 2. Rien à voir ! J'ai déjà composé le 4. (rires)
R : En fait lorsque nous sommes venus pour la première fois en France pour le Cactus Tour organisé par Eric Pifeteau, nous savions qu'il y aurait du monde à Nantes et nous n'avions rien de présentable. Nous avions commencé à enregistrer quelques morceaux pour "Burning brain", mais ce n'était pas très avancé et nous avions très peu de temps pour nous préparer. Nous avons donc décidé de faire une compilation de morceaux de différentes sources y compris les nouveaux, en l'état et de les présenter sur ce CDR.

"Winter of our discotheque " fait référence à plusieurs moments à des morts violentes : Heatwave (un coup de fusil) Country bat high II (une balle entre les deux yeux) Knife (du sang sur un couteau) Love is in the air (le meurtre d'un corbeau)…
D : C'est vrai que cet album est assez paranoïaque… ca vient de moi. Il est truffé de métaphores sur la peur, comme le vent… Je n'ai pas réfléchi à cet aspect des choses lorsque j'ai écrit les textes, mais je m'en suis rendu compte après coup, en reliant les titres : "Country bat", "Ghosts" et "Fear". 
R : Les paroles d'une chanson peuvent influencer les paroles d'une autre chanson. Le processus d'écriture est circulaire. Nous sommes tout les deux des paranoïaques, c'est normal que nos chansons se ressemblent. Et puis avec tout ce que l'on observe et entend sur la solitude, il est difficile de ne pas en parler.

Cet album est truffé de cuivres, de cordes et de sons étranges. Or sur scène, vous n'avez rien pour reproduire ces sons, pas même un synthé. Est-ce que ca ne vous frustre pas ?
D : Ca fait longtemps que j'ai abandonné l'idée de reproduire sur scène ce que j'enregistrais à la maison. Ca nous demanderait d'analyser notre processus créatif, et ça lui enlèverait sa fraicheur et sa liberté. Au final nous perdrions de l'intérêt à faire ce que nous faisons. Même si dans l'idéal, j'aimerais avoir plus de dynamique et de sonorités sur scène, je m'adapte à ce que nous avons et c'est très bien comme ça. 
R : C'est l'intérêt de faire des concerts, d'avoir des versions différentes à proposer aux gens. Ca t'oblige à réécrire la chanson pour la scène et pour le groupe. C'est encore une contrainte qui nous pousse à être créatifs. Tu vois pour la première fois nous avons deux batteurs en même temps et ça nous ouvre des portes (Craig a été embarqué à Philadelphie et Eric accompagne le groupe pour une tournée des fêtes de la musique en France. NDLA).  

Vous tournez beaucoup avec d'autres groupes. Vous enregistrez et jouez avec beaucoup d'autres musiciens (Naïm Amor, Jeff Grubig, Wooden Wand, Franck CB, John Thill, Andrew Jackson Jihad…). Toutes ces collaborations affectent elles votre créativité ? En avez-vous besoin pour vous renouveler ?
D : Ca dépend des fois. On a la chance de jouer avec des gens avec lesquels ça se passe généralement très bien. Mais parfois tu ouvres pour un groupe qui ne te ressemble pas, et le fait de se retrouver face à un public qui n'est pas venu pour toi, devient au fil des soirs stressant. Même si raisonnablement, je sais que c'est normal et je devrais m'en ficher, mon inconscient se met à gamberger. Pourquoi ont-ils plus de succès que nous ? Pourquoi est ce que je n'arrive pas à comprendre la musique de ce groupe que le public adore ? Quand je rentre à la maison après une tournée de 15 jours dans ces conditions, j'ai toujours un certain temps de réadaptation pour me persuader que j'ai raison de faire ce que je fais. 
R : Même quand le public n'est pas venu pour nous, il y a toujours une dizaine de personnes qui nous écoute avec attention. Même si elles ne se manifestent pas de manière très visible, on les sent et ça suffit à nous porter. Parfois, on ne ressent aucun feedback et ca devient dangereux car on ne pense  plus qu'à vouloir séduire le public. Ca peut nous affaiblir.
D : Heureusement que nous sommes un groupe et que dans les situations désespérées, nous ne sommes pas seuls. Ca m'est déjà arrivé de faire des solos de guitares complètement aberrants, juste parce que ça faisait rire Ryan. Et de le voir rire, ça me faisait du bien.

Vous êtes très prolifiques, à voir votre discographie en quelques années. Comment faites-vous avec vos boulots de jour et tous les projets auxquels vous participez ?
D : Je ne dors pas beaucoup. J'essaie de rester éveillé le plus possible. J'ai toujours peur de m'endormir et de ne jamais me réveiller.
R : On t'avait dit qu'il était parano ! Moi je dors la nuit, c'est pourquoi j'écris beaucoup moins que lui. (rires)

Quels plans pour le futur pour les Golden Boots ?
D : Nous restons un peu de temps à Nantes pour enregistrer un split album avec les French Cow Boy. Nous avons déjà quatre chansons prêtes avec Eric, mais il y a de la place pour les autres gars. Ce sera un disque de collaboration.
R : Nous rentrons cet été à Tucson pour enregistrer et travailler avec les Pork Torta et Barley BiPedal. Puis nous reviendrons en Europe à l'automne ou en janvier, pour supporter les French Cow boy. Mais tout cela n'est qu'au stade de projet. Le désir est là mais se réalisera-t-il comme prévu ?

Quand avez-vous rencontré Eric pour la première fois ?
R : Je l'ai rencontré pour la première fois quand je bossais au Grill à Tucson.  Il était venu manger un burger et j'ai pensé tout de suite qu'il était complètement taré. Je lui ai quand même donné un de nos disques car je savais qu'il faisait partie des Little Rabbits, et j'aimais beaucoup ce qu'ils faisaient.
 D : La première fois que j'ai vu les Little Rabbits, c'était en cachette au 7 Black cats en 1999. A l'époque je n'avais pas encore 21 ans donc je n'avais pas le droit d'entrer dans les bars. Je m'étais mis à la porte de derrière pour pouvoir quand même écouter. Eric avait introduit cette nuit-là le groupe comme les Silly Rabbits et pendant longtemps, j'ai cru que c'était leur vrai nom. Ils n'ont joué quasiment que des instrumentaux, car Federico n'était pas là. Plus tard, Eric est venu à un concert des Sugarbush et quelqu'un a pris un polaroid de nous deux en train de discuter pour la première fois de notre vie. C'est une coïncidence amusante, non ?

C'est grâce à lui que vous avez pu signer sur Havalina ?
R : Oh oui. Notre amitié a grandi car je crois que nous nous ressemblons beaucoup. Chaque fois qu'Eric était en ville pour voir sa famille ou pour enregistrer avec les Little Rabbits ou les French Cow boy, on l'invitait chez nous. On se débrouillait pour composer quelque chose pour qu'il joue de la batterie dessus. Notre collaboration a commencé ainsi.  
D : C'est bizarre car contrairement à nos autres amis musiciens, nous n'avons pas passé beaucoup de soirées à discuter ou à faire connaissance. Nous avons senti intuitivement une connexion forte et il nous a paru naturel de l'inviter à jouer avec nous. Il a un cœur d'or et nous sommes vraiment ravis d'avoir pu devenir ses amis.
R : Tu sais quand j'ai vu Dimitri pour la première fois, ça n'a pas été non plus le coup de foudre. Sa copine nous avait invités Nathan et moi pour un petit déjeuner. Et on voit sortir de sa chambre noire ce mec avec un drôle de look, l'ai renfrogné, pas vraiment le genre de gars avec qui tu as envie d'être copain. Et puis il a pris les baguettes et le courant est passé immédiatement.

Cathimini

"Winter of discotheque" (Havalina/Differ-Ant)
découvrez la superbe illustration homemade de l'album sur  http://www.parkthevan.com/goldenboots/wood/