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Chroniques CD part 1


Voodoo Rhythm Records:

  

 

Delaney Davidson - Self Decapitation

Dead Brothers - 5th Sin-Phonic

Hipbone Slim & the Knee Tremblers - Primitive Rock

 

Un petit arrivage Voodoo Rhythm, c’est toujours la garantie d’une musique de traviole, un peu perchée, circulant hors les clous en se souciant comme d’une guigne des codes de l’époque. Prenez les Dead Brothers, par exemple, dont c’est le grand retour après la parenthèse Lollipop et l’épisode incertain qui s’en est suivi, où l’on ne savait plus vraiment qui faisait quoi. Qui était Mort, ou qui ne l’était pas ! Là, les choses sont claires, et Alain Croubalian, le vrai saigneur des lieus, a repris rênes et direction artistique. Ce qui lui revenait de droit. Rassemblant de nouveaux musiciens, il a replongé, tête la première, dans ce blues des Carpates où se broie folklore tzigane, ragtime, rock’n’roll et douze mesures. Jusqu’au punk rock des Undertones et l’immortel Teenage Kicks, ravagé ici de l’intérieur. Bauhaus aussi, passe à la casserole, épisode létale dans un Annapurna de belles chansons tristes. Avec cette cinquième Sin – phonie, c’est tous les jours Toussaint ! Delaney Davidson navigue un peu sur les mêmes eaux, fanfare en plus, quand ça lui prend. Qui tient Jelly Roll Morton en haute estime. Il est né à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, au pays du rugby et des moutons anabolisés, avant de faire le tour du monde. Ou presque. Son premier album pour les Suisses. Après avoir tourné aux Etats-Unis en compagnie d’Holly Golighty. Il reprend In The Pines, comme Leadbelly, au prix d’un barouf comme on les aime. Dont il est la plupart du temps, entièrement responsable. On ne va pas vous faire un dessin. De toutes manières, vous connaissez la chanson…Il n’a besoin de personne, Delaney Davidson ! Hipbone Slim, lui, on a déjà recensé ses penchants. Rock’n’roll grande époque, retravaillé au blues, au surf et au diddley beat. Un retour aux fondamentaux. Ecoutez "Primitive Rock" qui donne son nom à l’album, et vous aurez une idée du style d’incendie que ces trois là aiment attiser. Pas pour rien que Mr Slim pose fièrement avec la même guitare rectangulaire que celle du grand Bo. Quand au batteur, Bash Brand, l’ancien Milkshakes, il a joué dans tant de bons groupes qu’il serait fastidieux d’en faire le décompte. Ça doit être leur quatrième album à ce jour et pas le moindre faux pas à se faire pardonner. Rempli de 15 originaux, c’est à signaler, dans un secteur ou la reprise fait souvent loi. Laissez vos genoux trembler ! [AF]

 

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1973

Bye Bye Cellphone

Blonde Music/Sony Music

 Au sein de la rédaction d’Abus Dangereux, Franck Ducourant (le spécialiste des musiques venues du nord), réalise pour ses amis des compilations de leur année de naissance. Alors qu’a-t-il mis dans celle de 1973? Et bien entre autre : Walk On The Wild Sidede Lou Reed, Moneyde Pink Floyd, et Les Paradis Perdusde Christophe. Donc une belle année côté tubes. 1973 est en 2010 le nom d’un groupe parisien qui vient de nous concocter un magnifique premier album. Leur musique pop n’a rien de glam, n’y de prog, mais possède cette petite touche easy pop sixties des plus raffinés. Les mélodies évoquent les Beatles, Kinks, Bee Gees (avant le disco), l'Andrew Oldham Orchestra, mais aussi Air. Espérons que 1973 aura aussi la chance d'avoir un jour sa BO Virgin Suicidedans sa discographie. L'univers de 1973 est proche des "paradis perdus", soit un album à l'ancienne qui sonne diablement bien, notamment à cause des harmonies justes et de la voix sans accent de Nicolas Frank. A n'en pas douter, 1973 devrait avoir aussi un écho positif (comme Air et Phoenix) à l'étranger. [PL]

 

69

Novo Rock

Idwet/La Baleine

 69 est le nouveau projet d'Armand Gonzalez et Virginie Peitavi (ex-Sloy et Sabo). Avec un nom tel que 69 et un titre tel que Novo Rock, inutile de préciser que le duo est dans la référence absolue, donc fait défiler les clichés an son cheap, mais bien produit. Devo, B52's, Talking Heads,… toute la la BO du documentaire/fiction Downtown 81 édié à Basquiat défile ici, funk blanc sous les tropiques à la pop bubble gum. Bref 69 s'amuse (nous amuse !) et réussit plutôt bien à nous faire danser jusqu'à tard dans la nuit avec un disque sans prétention, mais diablement efficace. [PL]

 

Ane Brun

Live at Stockholm Concert Hall CD+DVD

Balloon Ranger Recordings / Discograph

 A quoi sert un live ? Exercice périlleux et neuf fois sur dix ennuyeux. Pourtant Live at Stockholm Concert Hall ne risque pas de croupir sous la poussière d'une étagère. Car, hormis les applaudissements de rigueur, celui là ne ressemble à aucun autre. Indépendamment de la beauté formelle des chansons d'Ane Brun, qui jusqu'à présent ont trouvé peu d'écho en France, l'objet vaut qu'on débourse quelques deniers, ne serait-ce que pour le DVD compris dans le packaging, pratique de plus en plus courante mais nécessaire, afin de retrouver le chemin des disquaires. Prises de vue splendides, intelligemment mis en scène, le spectacle vaut aussi d'être vu. La Norvégienne fait un tabac chez ses voisins. Accompagnée du gratin de la scène suédoise : Martin Hederos – pianiste pour les fantasques The Sountrack Of Our Lives – Anna Ternheim ou Lisa Ekdahl aux choeurs, violon et violoncelle, accordéoniste ou percussionniste se succèdent sur scène pour interpréter pas moins de 25 titres (huit de moins sur la rondelle CD), dont quatre reprises rigolotes. Après Live in Scandinavia, il s'agit du second album en concert d'Ane Brun. Un petit bonheur qui réjouira tout amateur de ballades folk exquises, et belles à geindre. [FD]

 

Appolonia

Blank Solstice

Maximum Douglas Records

 Ce disque, quand il a traversé ma porte, m'a mené sur la mauvaise piste dès le début. J'étais parti sur une fausse idée de leur musique. De toute manière c'est simple, Appollonia est trompeur, brouille les pistes tout du long. On a pu lire post-core, je dis foutaises. Ce disque n'a strictement rien de la noirceur trop souvent feintée des disques du genre, rien d'auto satisfait, pas de longue plages de riffs lancinants, et mise au contraire tout sur le mouvement, la mixture des ambiances et des émotions. Dur à lire, mais ce disque est émo, parce que sur le fil et parfois bancal, mais il ose, et la sur-efficacité se charge de te convaincre dans le dos sans laisser le choix. Lourd et extrêmement puissant, mais émotionnel. Des idées partout, du cliché nulle part, un son rock'n'roll plein de chaleur qui claque et fait sonner le tout comme rien d'autre dans le genre -toujours pas si défini. De passage acoustique en riff énorme on se fait mener par le bout du nez, jusqu'à un "My Closest Foe"pop et tendu qui indique qu'il est temps de passer à la seconde face, tout aussi excellente. Franche réussite et gros coup de coeur. Et l'album est encore meilleur après les avoir vus en live. [LM]

 

Asaf Avidan & The Mojos

The Reckoning

Telmavar Records

 Groupe Israélien, c’est une première surprise. La seconde, c’est de s’apercevoir qu’Asaf Avidan, qu’au son de sa voix je prenais pour une jeune femme délurée ayant trop écouté Janis Joplin, est en réalité un homme qui se coiffe à l’occasion comme De Niro dans Taxi Driver. Pour le reste, malgré de bons moments, c’est un peu bavard, un peu artiste. Des démonstratifs sans réelle direction qui peuvent faire penser, selon les titres, à Patti Smith, au prog-rock seventies, à du blues-rock dodu, à Jeff Buckley ou à la fille d’Higelin. Pas celle qui a les grandes oreilles, l’autre ! Ils ont des dates prévues par ici pour l’été, la distribution de leur disque dans l’hexagone est sans doute là pour baliser la piste. Vous voila prévenus ! A eux de jouer ! [AF]

 

The Beautiful Losers


Nobody Knows The Heaven

Lion Productions/Martyrs of Pop

 Ce disque est la réédition d'un vinyle sorti en 1975, devenu collector après juste une chronique dans Best (signée Parick Eudeline) et une autre dans le NME. The Beautiful Losers (en hommage à Leonard Cohen) sont Jay Alanski (qui deviendra le parolier de Lio et de Marie France) et Christophe J (qui a sorti en 80 un album avec les musiciens de The Inmates). Anti-folk avant l'heure, ce disque est d'un dépouillement extrême à faire peur aux artistes du label K Records. Une guitare acoustique, une basse discrète et une voix proche de ses héros des années post 68 (Bowie, Barrett, Boland) enregistrées en quatre jours sur un quatre pistes dans une maison en pleine campagne, le tout en live sans overdubs; autant dire que le son brut de ce disque sorti en 500 exemplaires est devenu chez les amateurs de folk lo-fi un graal à se procurer coute que coute. Donc merci au label Martyrs of Pop de rendre accessible ces titres devenus introuvables. De plus le CD contient des bonus et un livret avec une interview des deux protagonistes. A noter que la pochette est dessinée en noir et blanc, histoire de trancher avec les couleurs psychés très en vogue à l'époque. [PL]

 

The Belmondos

Always Rumble

Freaky Family

 Empruntant aux Hives, aux Beatles ou à d'autres formations plus récentes telles que les Straws, The Belmondos réunit quatre frères autour de morceaux pop/rock/garage particulièrement bien foutus, il faut le dire... Ecumant les scènes parisiennes et française de fin 2007 à fin 2009, The Belmondos enregistre alors ce premier album dont le deuxième titre est d'entrée de jeu bombardé "Coolest song of the week" par S. Van Zandt himself ! Un bon départ pour une bonne galette concoctée par un bon groupe, une fois abstraction faite des looks, des coupes de cheveux et de l'artwork à la limite du cliché... Mais qu'importe l'emballage lorsque le contenu est aussi excitant ! Tempos dansants, mélodies accrocheuses, structures créatives, section rythmique ultra carrée et voix de velours, difficile de ne pas être convaincu par cette fratrie pour le moins prometteuse. A suivre de très près... [SL]

 

Birds Are Alive

Plucked & Fucked Up

Kizmiaz Records

 Digipak sérigraphié de toute beauté, série limitée ! Fichtre, pour leur quatrième livraison, les Kizmiaz ont sortis le service des grands soirs. Et la zique qui va avec à la courtoisie de Birds Are Alive (Les Bougrain-Dubourg en VF !) one-man-band-punk-blues comme il n’arrête plus d’en fleurir un peu partout. Au train où ça va, faudra bientôt rameuter les sociologues pour expliquer le phénomène ! Je vois ça d’ici, le turbin en solitaire, repli sur soi, retour au basique et à l’essentiel, bref, toutes les habituelles fadaises pour mauvais débats télévisés. Ayant, perso, une inclinaison naturelle pour ce genre de soubresauts salingues et saturés, je jubile et applaudis ! Faut dire qu’en pleine phase régressive, une seule reprise de Muddy Waters suffit à mon bonheur. Et quand le (chiche) feuillet promo, entièrement écrit à la main, avance ses pions vers Bob Log III et Fat Possum, la nasse se referme. Trapped! Alors, si vous souffrez des mêmes symptômes, pas de soucis, ce Nantais zoziophile sera le bon médicament. [AF]

CD et Vinyle disponible ici:

 

Blackfire

Anthology Of Resistance

Tacoho Records

 Je me souviens d’avoir vu ces trios Indiens il y a des années de cela dans une galerie de peinture au rendu sonore mal adapté à leur furie d’alors. Punk rock puissant, aux lisières du hardcore, la musique de Blackfire est fortement revendicative. Puisant autant dans l’histoire de leur peuple que dans les travers du monde d’aujourd’hui. Donnant à leur colère une authenticité qui fait souvent défaut à beaucoup de musiciens engagés dans des voix similaires. A tout cela, Blackfire ajoute des bribes de folklore traditionnel les rattachant directement à l’Arizona et à la nation Navajo dont ils sont issus. Et demeurent sans aucun doute les représentants les plus véhéments à l’échelle internationale. Cette compilation de titres rares ou inédits, soutenue par une organisation Bretonne, est un rappel à l’ordre supplémentaire. Et l’occasion de saluer un juste combat. [AF]

 

   

Nell Bryden

What does it take ?

Cooking Vinyl/PIAS

Mayer Hawthorne

A strange Arrangement

Stones Throw/Discograph

 Honneur aux dames ! Nell Bryden est New-Yorkaise et a une voix majestueuse qui peut tout chanter : jazz, country, soul, rock 50's… Découverte l'an dernier par une poignée de requins de studio, son premier album a été remixé, relifté et boosté. Au résultat, on se prend à rêver à l'original, peut être moins clinquant, mais certainement plus sincère. Mayer Hawthorne, né dans le Michigan a connu lui aussi un sort étrange, puisqu'après être sorti dans l'anonymat le plus total, le voilà propulsé découverte soul de l'année avec une réédition luxe, des remixes et les éloges de la presse. Cet album malgrè de beaux arrangements et une homogénéité exemplaire n'a pourtant pas le coffre de ses influences (faites la comparaison entre "A strange arrangement" et n'importe quel morceau de Barry White) et ne dépasse pas l'étiquette de blue eyed soul, si vous voyez ce que je veux dire. [C]

 

Buggy

Diagrams

Herzfeld Rds

 On n'entend pas si souvent de la pop sautillante et nonchalante, avec un petit piano électrique, une petite guitare électrique et une petite batterie simple. Les mélodies s'enchainent, avec ou sans chœurs. Les clins d'œil aux maitres nous mettent dans la connivence, sans jamais donner l'impression de les copier. Voilà donc un disque décontracté et sympathique qui donne instantanément envie de devenir copain avec le groupe. Car on est sûr de passer de bonnes soirées autour d'un pique nique ou au coin de la cheminée, à chanter à tue-tête et à taper dans les mains. Parfois, c'est tout ce qu'on a envie de faire. [C]

 

Carp

Day walks

Square Dogs

 "Day Walks" est un magnifique album atmosphérique à la mélancolie subtile qui vous enveloppe d'un voile de grisaille lumineuse. On entend les marches de l'escalier craquer, le bois de la cheminée éclater tandis que le piano s'envole vers une pop céleste. A l'heure où les maitres es-mastering nettoient les bandes des Beatles de toutes leurs soit-disant imperfections, Carp nous donne à partager l'intimité d'un enregistrement maison (mais pas lo-fi), tout de bois habillé, mais pas uniquement acoustique, avec une générosité héritée de la méthode 4 bouts de ficelle. Est-ce l'espace de l'horizon dégagé du bord de mer qui donne un tel sentiment de sérénité à l'écoute de cet album ? Est-ce l'acharnement à laisser une empreinte concrète qui porte le groupe vers tant de bravoure ? Est-ce la détermination de montrer que si l'on veut, on peut qui rend Carp aussi attachant ? En tout cas, "Day Walks" ne devrait pas laisser insensible les amateurs de rock sensible et de pop fière, pourvu qu'ils fréquentent les disquaires indépendants et les plateformes digitales. [C]

 

Cathedral

The Guessing Game 2xCD

Nuclear Blast

 Cathedral a toujours été le groupe à faire hoqueter d'embarras la honte même, et pour autant se place sans problème comme groupe le plus classe de la galaxie. Une heure vingt quatre de Cathedral qui dégouline de tout son pastel sur deux albums, trop de morceaux d'un ridicule tellement poussif qu'il en devient hilarant, à commencer par la pire intro de tous les temps. Quand je parle de pire, j'entends synthétiseur, qui fait donc sa magistrale entrée sur "Immaculate Misconception" et ne lâche rien jusqu'au terminus, excessif et irritant. Lee Dorian part dans toutes les directions vocales en évitant un maximum de chanter juste sur des morceaux qui ne savent pas beaucoup plus où ils se dirigent excepté vers le fun le plus total ainsi que là ou on ne les attendait surtout pas ; la folk la plus déglinguée et l'incursion de multiples instruments comme témoin. Un paquet de moments de vraie bravoure un peu trop entourée des kitcheries pastels, pas de quoi détrôner Ethereal Mirror, mais encore une fois, franche rigolade et au final un double album qui s'enfile sans problème. [LM]

 

 

Chapelier Fou

1st EP et 2ndEP

Ici d'Ailleurs/Discograph

 Au moment où Chapelier Fou annonce la sortie de « 613 », son nouvel album pour mars 2010, Ici d'Ailleurs a la bonne idée de remettre dans les bacs les deux premiers six et sept titres. L'occasion de revisiter les travaux du Chapelier, Louis Warynski, de son vrai nom. Le garçon, de formation classique (violoniste au conservatoire), a trouvé dès ses premiers travaux une manière très personnelle de fabriquer ses petits bidouillages qui semblent être faits de brics et de brocs, empilant derrière son violon des strats de samples et de rythmes tous plus fins et subtiles les uns que les autres. Une démarche très cérébrale qui peut faire penser parfois aux premiers travaux de Yann Tiersen. On pourrait avoir peur d'un simple remplissage sonore, il n'en est rien : le messin crée des collages faussement légers ou superficiels. Impossible « d'entendre » cette musique, elle s'impose et oblige à l'écouter : on est vite pris par une sorte d'ambiance perverse qui empêche finalement d'imaginer que les compositions puissent simplement servir de bande-son pour des images pré-formatées. Les titres existent en eux-même et c'est bien toute la force de Chapelier Fou : il a l'art de créer des impressions qui lui sont propres. Richesse, recherches et subtilités semblent être les moteurs de Warynski. Vite, l'album! [SV]

 

Charlie Alex March 
Home

Hidden

Lo & LoAF Recordings/La Baleine

 Charlie Alex March (et ses drôles d'arrangements proches de l'easy listening) n'aurait pas dénoté sur le label Warp. Il faut dire que le casting de ce premier album est des plus classieux: Sean O'Hagan et Dominic Murcott des High Llamas aux cordes et vibraphone, Andy Ramsay de Stereolab à la batterie, Jo Apps au chant et Gabriel de Metronomy à la basse et à la guitare. Avec ce beau monde, notre homme fait une petite musique aquatique profonde (comme le suggère l'image de la pochette) qui pétille de bulles dorées et bleutées. D'une fraicheur qui donne envie de se laisser aller dans son bain, la musique de Charlie Alex March est un croisement entre les sonates répétitives de Philip Glass/Michael Nyman et l'électro pop ambiant de Plaid et Broadcast. Ce mélange électronique, piano et cordes se marie parfaitement avec l'image du flirt, car Charlie a mis en scène tous ses atouts pour nous séduire, comme pour un premier rendez-vous amoureux. Et ça marche ! [PL]

 

The Chris Chester Group

Wonderland

Chester Records

 Où l’on sent indubitablement une vraie fascination pour une certaine période du rock anglais, quand vers 66/67, certains de ses ténors découvraient que le tabac pouvait se rallonger d’exotiques herbes orientales ou que les pilules ne servaient pas exclusivement à chasser les maux de têtes. Chris Chester et son groupe, Français d’origine géographique inconnue – eux disent Wonderland, mais vous comme moi savons que tout ça n’est qu’imagination enflammée- se sont nourris de disques comme "Between The Buttons", l’épitre des Rolling Stones au Swinging London satiné, dont ils ont extrait la reprise de "Connection", des albums des Small Faces sur Immediate, et de ceux des Faces qui leur ont fait suite. Les Kinks introspectifs ne sont pas loin non plus. Et par un concours de circonstance tout à fait explicable, puisque nourris à semblables cires, ces français là nous évoquent singulièrement Nikki Sudden, ne serait-ce qu’à cause de cette voix un peu maladroite et souffreteuse rapprochant Chris Chester du clan plus guère fréquenté des grands intuitifs dont Nikki Sudden était l’un des phares. S’il fallait trouver une seule raison pour jeter une oreille attentive à cet album culotté, le splendide "Slow Time In London" ferait l’affaire, imparable ballade comme on en souhaite à tous les médiocres se croyant talentueux. Une belle découverte ! [AF]

 

Clan Edison

s/t

Autoproduction

 Voila un groupe qui pousse au lyrisme! D’ombrageux ferrailleurs au jeu plein d’une tension toute sidérurgique ! Même s’ils sont de Nîmes, et non d’une friche postindustrielle de l’arrière pays Lorrain. Alternant Français et Anglais avec semblable souci de sainte colère et de houleux désespoir. Une vraie puissance. Des gens à cran ! Qui cite assez justement Fugazi, le Gun Club ou Nick Cave. Auxquels pourrait s’ajouter tout pareil les Noir Désir remontés de "Tostaky". Le Clan Edison, avant il s’appelait La Mouise, ce qui en dit long sur ce qui les travaille. Trio aux aspirations suffisamment sombres pour coller un corbeau charbonneux sur la pochette. Voila, en version très électrique, un manuel de savoir vivre à l’usage de ceux ne baissant pas la tête. Pas plus que l’échine ! Des virulents ! [AF]

 

Clara Clara

Comfortable Problems

Clapping Music/La Baleine

 La suite de AA, en 2008, se nomme Comfortable Problems. Ce trio mixte de Dijon est composé des frangins Virot et d'Amélie. Si en solo Vincent Virot se laisse porter par la folk, en trio il devient un agité de la batterie. Et oui avec Clara Clara il se lance dans la noise indé des plus redoutable, avec un rythme métallique, mélodies pop, sons synthétiques et entrainant aux couleurs post punk. Les compos de Clara Clara ont une fraicheur juvénile qui donne envie de se laisser rattraper par le plaisir des musiciens à jouer ensemble tout en faisant plaisir à leurs potes. "Comfortable Problems" est donc le disque parfait pour fêter dignement les 10 ans du label Clapping Music. [PL]

 

Complot


Rouge Rêve (livre CD)

Iconaki/Optical Sound/Infrastition

 Cela fait bien longtemps que je n'ai pas écouté un album de Complot Bronswick, surement depuis leur album blanc "Iconoclasmes" sorti en 1988. Dans les années 80 Complot Bronswick était, avec Norma Loy et Clair Obscur, un groupe en marge dans le paysage "rock en France". Issus de la ville de Rennes (comme Marquis de Sade, Daho et leurs potes d'End Of Data), ils faisaient une musique exigeante où la littérature, l'art graphique, la représentation théâtrale et la new-wave cohabitaient avec harmonie. Comme si "l'Opéra de 4 Sous" rencontrait Joy Division lors d'une exposition Dada. Autant dire que ce groupe avait de la ressource. Puis Complot Bronswick devient Complot et s'installe dans un univers multi média et numérique. Après quelques disques (que je n'ai pas écoutés) on en arrive à l'album "Rouge Rêve" composé de titres écrits pour le spectacle Iceman (Compagnie Jean-Beaucé) et quelques anciens titres re-mixés. Au début, le son général de l'album surprend. Le chant en français sonne parfois "chanson française" sur des airs rock électro un peu daté. Mais (oh joie !) l'agressivité after punk de "Maikovski" (1985 !) refait surface dès le 4èmetitre avec "Rocky Dream". L'atmosphère devient plus lourde, la voix plus agressive, quasi-théâtrale. A partir de cet instant, l'album prend une couleur plus plaisante pour l'amateur du groupe des années 80. Au final "Rouge Rêve" est un album inégal, heureusement rattrapé par des éclaircies telles "Wake Up" dans une nouvelle version et "Petit Soldat" avec ses intonations à la Arno, sans oublier les remix bien venus comme l'excellent "Body Is Body". Enfin signalons le magnifique packaging de 50 pages avec des textes et des photos montages à se procurer absolument. [PL]

 

Cristine Number One

Logical Escape

Lee Major Projekt

 Deuxième album pour CN1, 3 ans après "Exit n#1" les strasbourgeois sont de retour pour nous démontrer qu'ils ont toujours un talent pour l'écriture et les mélodies. Exit le côté Cold Wave pour laisser place à plus de pop-rock anglaise et a des riffs rentrent dedans, le titre d'ouverture "Lovesong" en est le parfait exemple. La basse groove, les rythmiques sont la pour faire danser et la voix du chanteur nous emporte dans ce tourbillon rock sans aucune résistance. A écouter d'urgence car il est sortie il y a un bout de temps maintenant! [LO]

 

Curry & Coco


We Are Beauty

Peer Music/Discograph

 Avec les beaux jours, rien de mieux que d'écouter de la musique légère et pas trop sérieuse. Avec des paillettes disco et du fond de teint FM/new-wave 80, ce duo masculin e Lille a la frite. Thomas (batterie) et Sylvain (synthétiseurs) réalisent une musique électro kitsch avec ce qu'il faut d'attitude fashion pour nous donner envi d'aller défiler en boom ou de fêter sur les podiums les 35 ans de son pote resté "adulescent". On pense à Fisherspooner, les Rythmes Digitales, Pet Shop Boys, Gary Numan, Giorgio Moroder et DMX Krew, soit une musique à base de synthés vintage 80's. Rythmé et frais, les 10 titres de ce premier album produit par David Kosten (déjà derrière la console de Bat For Lashes) s’écoutent inlassablement chez soi en faisant la vaisselle ou en préparant un petit plat à base de curry et de coco, dans les transports en commun avec son lecteur compact CD, au volant de sa Twingo ou encore mieux, en live, car c’est là que Curry & Coco exalte le mieux l'énergie juvénile. C’est là qu’ils font danser les filles et les garçons jusqu’à pas d’heure, à condition d’avoir demandé la permission à leurs parents. Avec les beaux jours si vous écoutez "We Are Beauty" sortez les maillots, les ballons et hop tout le monde à l’eau ! [PL]

 

Dag för Dag

Boo

Harden Pop/Differ-Ant

 On a déjà vu des Scandinaves traverser l'Atlantique pour se rapprocher des sources de la musique qu'ils jouent, moins souvent l'inverse. Jacob et sa sœur Sarah, se sont installés en Suède pour compléter cet album halluciné et vibrant. Commencé sous la houlette experte de Richard Swift, avec une grosse basse bien ronde et des guitares vintage, ils y ont ajouté violoncelle, tambourin, triangle, orgue… pour obtenir un album fantomatique et étrange qui aime à croiser le fer avec la déglingue du punk et l'écho de la coldwave. La voix de Sarah est chaude et douce, celle de Jacob plus torturée. Le son est ample, comme s'ils avaient enregistré dans un hangar perdu dans les nuages où l'on aimerait bien avoir été petite souris pour en saisir tous les mystères. [C]

 

Dan Sartain

Lives

One little Indian/PIAS

 Dan Sartain est encore largement méconnu du public garage français, alors que c'est l'un des jeunes musiciens américains les plus doués de sa génération à assurer la relève d'un certain esprit rock'n'roll, libre et flamboyant à la fois. Plus sincère que des dizaines de groupes plus connus, qui se la racontent à grand renfort de laque et de boots pointues (pas de noms, s'il vous plait), sa grande silhouette dégingandée embrase les coeurs et les jambes grâce à un rock'n'roll classieux et des histoires intemporelles de losers et de profiteurs. En plus, Dan Sartain sait tout faire : écrire, chanter, jouer de tous les instruments, enregistrer, produire, dessiner ! Adoubé par Jack White qui l'a invité à enregistrer un single sur son label, "Lives" à sortir, et déjà un autre album en tête, on espère que ce parrainage l'aidera à fouler les scènes françaises, un jour. En attendant, vous pouvez regarder quelques extraits de concerts sur internet et pleurer, ou vous bouger le cul pour le faire venir en achetant ses disques ! [C]

 

Daughters

Daughters

Hydra Head Records

 Daughters vient de frapper un très très grand coup. Un album fantastique, sans limite d'originalité, parfaitement frappadingue et absolument jouissif. Du clapdance hardcore au sourire tellement large qu'on y voit toujours les morceaux de buvard, chaloupé et surpuissant, déclamé dans l'hallucination la plus totale en restant irréellement catchy pendant 28minutes d'un parfait rarement atteint. Les morceaux sont courts, chargés au maximum de sons mais d'une fluidité rare. La rythmique est phénoménale de puissance, la basse retourne le cerveau et les bizarreries s'infiltrent de toute part pour mettre à terre toute la concurrence. D'ores et déjà un imbattable de 2010. [LM]

 

Deadline

Bring The House Down

People Like You Records

 

Très dynamique, très pop et assagi par une prod plutôt propre, Bring The House Down ne conserve que d'infimes traces des anciennes influences punk rock/oi! de Deadline. Cet état de fait influencera probablement le public concerné, ouvrant la voie aux néophytes mais risquant de déconcerter légèrement les fans de la première heure. Paradoxalement, la voix de Liz révèle un grain nouveau, un peu plus brut que d'habitude et équilibrant le côté acidulé à l'excès de certains titres. L'ensemble démontre cependant que la grande cohésion ayant toujours été l'un des points forts de Deadline est plus que jamais au rendez vous, à l'instar de l'inspiration. D'horizons et de structures variés, ces treize morceaux témoignent en effet d'une culture musicale assez large et parviennent à nous surprendre malgré quelques clichés de bonne guerre comme cette reprise de Nancy Sinatra (qui aurait gagné à être un peu plus personnelle) ainsi que l'inévitable ska sautillant me donnant immanquablement envie de lapider ma chaine stéréo à coup d'albums de Motörhead… Mais il en faut pour tous les goûts (même les plus douteux) et ce petit bémol n'entamera en rien mon plaisir à l'écoute de cet album particulièrement vivifiant. [SL]

 

Desolation

Wilderness

New Universe
 Records/Differ-ant

 Etonnant de voir ce type de groupe sur le label K Records, car Desolation Wilderness fait une musique noisy pop shoegazing typiquement anglaise (genre Chapterhouse (en moins raffiné), Moose, Boo Radleys, Atlas Sound…), bien loin du son lo-fi du label américain. C'est surement parce qu'ils habitent à Olympia ! Derrière une voix aérienne que l'on croirait sortie d'un haut parleur au fin fond d'un aéroport, à la limite du murmure, les cinq musiciens de Desolation Wilderness jouent en mode "pose", limite "je vais pas tarder à m'écrouler dans un canapé défoncé" (ce mot n'est bien sûr pas innocent). La musique de Desolation Wilderness est idéale à écouter au petit matin, quand on est à moitié réveillé, les idées pas très claires et les yeux pas encore en face des trous.. [PL]

 

The Domnicks

Hey Rock’n’roller

Off the Hip

 Ici, tout projet incluant Dom Mariani est toujours accueilli avec un large sourire. Et les Domnicks ne vont pas bouleverser une règle établie depuis les premiers Stems ! Le voila aujourd’hui acoquiné avec Nick Shepard (Dom – Nicks, get it ?) ex-guitariste des Clash de dernière heure et remplaçant oublié de Mick Jones, passé également par la case Cortinas. Le duo s’étant fait aider d’une solide paire rythmique, incluant même un ancien batteur de DM3, l’entité pop de Mariani. Mais pour "Hey Rock’n’roller", le mot d’ordre, c’était classic-rock ! Là, pensez Stones, Faces, Memphis soul – le resplendissant "Hey Fellas" – et instrumentation acérée. Mixé, étincelles comprises, par Rob Younger et Wayne Connolly entre les murs des légendaires studios Albert à Sydney ! Savoir faire, passion et la relatif étonnement d’entendre Dom Mariani s’amuser avec l’héritage funky des Stones de "Some Girls". On ne peut que chaleureusement vous le recommander. [AF]

 

Dondolo

Une Vie De Plaisir Dans Un Monde Nouveau

Division Aléatoire/Anticraft

 Ce troisième album de Dondolo donne du baume au cœur. Sa musique "ludique" respire le bien être. Chaque morceau à ce petit "rien", ce petit "je ne sais quoi" qui tape irrésistiblement à l'oreille. On a l'impression d'avoir 14 albums en un, tant chaque chanson est un univers, une histoire à elle toute seule. La voix est magnifique et les mélodies fonctionnent au quart de tour. Difficile de trouver un style auquel les raccrocher, mais on pense au Stranglers, Taxi Girl, The Fall (sur "Fauvisme"), à François de Roubaix pour les petites rythmiques bricolés ici et là, style générique d'une émission radiophonique ("Pendant Ce Temps Là Au Château"), aux Buzzcocks sur "Splendid Ten Percent". Mais arrêtons de chercher des références, cet album est totalement libre et se vit par lui même. Je ne peux donc que vous inviter à visiter ce disque "idéal" à l'écoute pour "oreilles exigeantes et sensibles aux mélodies dorées". [PL]

 

Eagle Seagull


The Years Of The How-To Bock

PIAS

 Ce groupe vient de Lincoln dans le Nebraska (une région qui ne nous est pas inconnue depuis le fameux album acoustique du Boss Springsteen), et ce disque est leur deuxième album. Les 12 morceaux (aux noms à rallonge) de cet album donnent dans le rock glam passé à la sauce indé. On pense à Pulp, Sparks, Human League, David Bowie, Roxy Music et Arcade Fire, soit une musique un peu maniérée, grandiloquente, mais pas déplaisante du tout. Au contraire, la voix d'Eli Mardock a cette force qui donne pas mal de relief aux compos du groupe. Si vous voulez écouter du glam sans trop de paillettes, laissez-vous porter par la grâce d'Eagle Seagull. [PL]

 

El Boy Die

Black hawk ladies & tambourins

Semprini Rds/Differ-Ant

Son séjour au Canada semble avoir libéré El Boy Die des codes d'une musique en train de se stéréotyper au contact d'un milieu Parisien, sympathique mais un peu trop nombriliste. Ainsi on l'imagine se perdant dans les grands espaces qu'offre ce pays, rencontrant des musiciens vagabonds d'un autre âge, poussant les portes de studios où il n'était pas invité, mais toujours bienvenu avec sa guitare en bandoulière. Relisant les contes de son enfance, découvrant une culture de froid et de feu, laissant flotter son imagination jusqu'aux limites de l'horizon, il a peut être ainsi senti de nouvelles vibrations qui se sont traduites par le besoin de faire un disque merveilleux et imprévu. Quelle que soit la vraie histoire de "Black hawk ladies & tambourins", on retiendra une succession de scènes oniriques au charme médiéval et psychédélique. Le chant choral conte des histoires pleines de châteaux, de forêts sombres, de fées et d'animaux fantastiques, accompagnée par une instrumentation riche et boisée. [C]